mercredi 1 février 2017

PASSAGE A L'HOPITAL


Dans la salle d’attente d’hôpital, j’attends. Pléonasme.

L’attente est longue. Ça donne le temps d’observer les gens. Les gens en blancs du service vont de droite à gauche toujours avec entrain. Les patients marchent moins vite. Il est facile de remarquer les habitués. Ils appellent les soignants par leur prénom, des propos civils ou rassurants sont alors échangés.

Étonnant aussi la multitude d’affiches punaisées sur les murs. De la prévention ? Pas toujours. La ligue contre le cancer, la charte de la laïcité, l’annonce d’un spectacle monté par le club des hospitaliers. Une grande affiche sous verre rappelle les droits et les devoirs des uns et des autres dans ce bâtiment si spécial, la prise en compte de la douleur. Des revues mises à disposition font passer le temps mais ne suffisent pas à tromper l’angoisse. Dans un recoin, presque honteuse de leur joie, des posters pour enfants égaient une fin de couloir.

Certains patients laissent des œuvres pour remercier les équipes. Comme cet immense patchwork. Les lycéens de la ville ont posé une statue monumentale à l’entrée sans autre attention que le plaisir de donner.

Des noms sont demandés, les consultations commencent. Soyons patient. Patient ou malade ? Le malade doit être patient. C’est son rôle. Des conversations se nouent parfois. Rarement l’objet de la visite est évoqué. Alors la pluie, le beau temps… Réconforter sans le dire, aider en discrétion. Rire de ses faiblesses, vanter la force de son interlocuteur.

J’ai été opéré il y a un mois. Suite à une visite aux urgences. Il était 2 heures du matin. J’étais mal, soutenu par mon aimée. J’ai été pris en charge avec gentillesse. Un chemin médical me conduisit au bloc opératoire. Mon intervention a duré 45 minutes, j’ai quitté l’hôpital le jour même. Je reviens pour la visite de contrôle obligatoire.

A chaque fois que je me suis rendu dans un service, j’ai retrouvé une ancienne connaissance. L’infirmière que j’ai sonnée à mon réveil : nous avons suivi notre catéchisme ensemble ! Aujourd’hui, j’ai retrouvé une amie avec laquelle j’étais en CM1 et CM2. Ça date ! Une gêne m’assaillit un instant tant ces rencontres m’ont semblé impudiques.

Tiens, une chaise sur la ligne banc fait défaut. Une casse non remplacée. Il faut convenir que le confort manque autant que les moyens.

Le chirurgien m’appelle enfin. Notre entretien dura à peine 10 minutes pour 2 heures d’attente. Il m’a paru fort satisfait de son ouvrage et a semblé regretter ma prudence. Celle-ci est le signe de mon profond respect de son aide.

Bref, La vie continue. Je vais bien.

Mais l’hôpital va mal. Le serment d’Hippocrate oblige les médecins. Cependant les soignants voient leur qualité de travail se dégrader et les patients voient leurs soins mal fait et leur contribution augmenter. Les services considérés comme non rentables ou dangereux ferment tour à tour. A vouloir la rentabilité, nous oublions que la médecine est un bien commun. La santé est un droit préalable à tous les autres, devant celui à la sécurité. Car un peuple incapable de se soigner rend son pays inapte de travailler pour l’avenir.

Pendant les dernières années de son existence, l’URSS cachait le nombre de ses enfants mort nés espérant masquer son état de décrépitude. L’espérance de vie baisse en France. Voyez-y un signe.

Hôpital de Dourdan

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