le démocrate de l'extrême: Et si nous étions généreux ?

« Il faut avoir les moyens de sa générosité ». Voila un argument imparable ! Il est impossible de se dépouiller entièrement. Secourir un inconnu voir son ami au prix de sa vie reste exceptionnel. Mais cette phrase justifie principalement l’égoïsme. La générosité est une volonté, un choix politique, un choix économique, un choix philosophique de vie.

Le choix politique
La générosité politique est un investissement à long terme toujours rentable pour les deux parties. La générosité à l’origine du don est sans retour puisque il s’agit de répondre à l’urgence. Mais sans ce désintéressement, la générosité ne peut pas exister. Néanmoins, nous tirons un profit de cette bonne action. Profit pour les deux parties. L’altruisme est un instrument d’influence, de propagande. Les dictatures qui refusent systématiquement l’aide des démocraties le savent.

Comment ignorer le danger que représentent les financements des états autoritaires et théocratiques sur notre territoire et dans nos entreprises ? La seule réponse consiste à investir dans ces pays et à accueillir leurs réfugiés. Ne nous trompons pas, les gens qui arrivent chez nous souhaitent retourner dans leurs foyers. En créant un attachement à l’Europe et à ses valeurs, ces gens seront des portes ouvertes à nos idéaux démocratiques.

Le choix économique
Au quotidien, nous acceptons de nous dénuder pour payer toutes sortes de choses. Souvent nous y sommes engagés par contrat ou par principe. C’est uniquement de la générosité pour soi-même. Ce que l’on s’accorde appauvrit toujours. La dette nationale peut s'apprécier sous cet angle.

Quand la générosité appauvrit le donneur, elle n’enrichit pas le donataire, et réciproquement ! Il y a toujours des contreparties, c’est pourquoi elle profite à tous. Personne ne peut prévoir la perte ou évaluer le gain. Qui pouvait estimer en 1974 l’importance de la communauté asiatique dans l’informatique et son bienfait pour la France ? Oui le don est une façon détournée d’influer sans contrôle sur le cours des évènements. En fait, la générosité est couteuse quand les parties sont mues par l’idée unique de leur propre bénéfice. Il s’agit alors de colonialisme.

Le choix philosophique
L’intelligence étrangère est une chance. Les cultures du bout du monde diffèrent de la nôtre avec son universalité. Partout les princesses ont besoin de fées pour rencontrer leur prince. Par manque d’indulgence, des cultures disparaissent au même rythme que la biodiversité. Quand le plus faible meurt, son univers s’éteint avec lui. Sauver cet univers pour perpétuer l’accès à cette connaissance, c’est sauver l’intelligence de l’Homme. Certains diront qu’il est impossible de les tuer tous, que tous disparaissent en mer. Mais il suffit de perdre le dernier. Que restera-t-il dans 50 ans des coutumes et des langues pratiquées aujourd’hui par 10 personnes ?

La responsabilité
Laisser mourir de soif, de faim, d’asphyxie, de misère est ignobles. La pauvreté des autres ne nous enrichira pas, la richesse de quelques-uns ne nous appauvrit en aucun cas. La part de chacun d’entre nous consiste à donner une pièce au mendiant du feu rouge. A chaque gouvernement revient la responsabilité de permettre aux réfugiés de vivre en sécurité, de protéger les minorités, de se préoccuper des plus faibles.

Aujourd'hui nous n'avons pas à rendre compte de chaque morts en Méditerranée, mais ce procès nous sera-t-il épargné? L’inaction se justifiera par ce mensonge: « Nous ne savions pas. » Les plus honnêtes affirmeront: « Nous n’avions pas le soutien de la population. »

La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part *, c'est-à-dire la première place**. Il en va de notre influence politique, économique et culturelle, de la diffusion des idées démocratiques.

En vérité, la générosité assiste l’autre par philanthropie, pour lui-même, pour soi-même, au crédit de l’avenir commun.

*Michel Rocard 1990
**ajout personnel 2016 (lol)