mercredi 31 août 2016

L'avenir de la prison


Le fantasme de la prison agit sur tous. Pourtant nous sommes peu informés des conditions de détention. Comme l’éducation, la police et la santé, la prison doit être une préoccupation. Des chercheurs spécialistes, les juges, les avocats, les gardiens et les détenus réfléchissent à une évolution du système carcéral.
Le sens de la peine.
Une peine est un projet pour l’avenir. Elle dissuade, corrige, éduque, élimine. En France, la sanction se mesure par le temps de l’incarcération. Deux visions de la punition cohabitent. L’approche de compensation. La parole est aux victimes qui réclament vengeance. Or la justice doit dire le droit, notre législation se conforme rarement à la vengeance. L’approche réparatrice semble plus inhérente à la peine. Il s’agit de réparer la victime et le délinquant. Le condamné se confronte à ses droits et ses devoirs. Voici un boulet à la cheville pas moins léger que celui des forçats.

Pourquoi punir, qui punir ?
Nous condamnons les actes que la société considère comme contraire à ses principes. Par-là, elle décide aussi qui doit aller en prison. La punition est exercée plus puissamment en fonction de la faiblesse géographique, sociale et éducative de la personne.

Comment punissons-nous ?
La peine consiste retirer la responsabilité, la dignité, l’intimité, l’hygiène. La sexualité, l’affection, la sensualité (au sens large du mot) n’existe plus. Le travail est autorisé mais le chômage atteint 80%. Les personnes sont très vulnérable à l’imprévue. La moindre contestation légitime ou non, les plus petits incidents sont réprimés. La surpopulation accroit la violence faite aux détenus et aux gardiens. La sortie ne fait pas l’objet d’un travail spécifique pour les courtes peines, les plus dé-socialisantes donc plus récidivantes.

Les propositions d’évolutions.
En milieu carcéral : Autoriser les téléphones portables, les relations sexuelles. Créer des lieux de socialisation et des programmes formation. Supprimer les mitards. Créer un suivi judiciaire semblable à un suivi médical, du tribunal à l’après-sortie. Les gardiens seront informés du traitement médical et psychiatrique des détenus. Le surveillant donnera son avis sur le détenu et assistera le J.A.P. Des tribunaux publics spécialisés sur les délits et crime commis en prisons siègeront. Encourager les pratiques collectives de surveillants et/ou de détenus.

Proposer un projet de vie pour aménager les longues peines d’internement : au-delà de 10 ans, l’homme ne sait pas se projeter psychologiquement et cela revient à condamnation à mort. Comment contrôler un homme sans avenir ? Question posée par nombre de gardiens.

A l’extérieur de la prison : dépénaliser l’usage de cannabis, revoir la pénalisation des délits routiers afin de lutter contre la surpopulation des maisons d’arrêt. Améliorer les peines alternatives et éducatives. En éloignant les prisons de nos centres villes, notre intérêt s’émousse. D’autre part, ces vieux monuments mériteraient le statut de monument historique. Les droits communs ont droit au respect de leur souffrance et à notre devoir de mémoire. Un musée de la prison doit exister.

Finalement,
Nos prisons révèlent la face noire de notre société et la façon dont nous traitons nos exclus. Améliorer cette face revient à adoucir la société dans son ensemble. Dans les décennies à venir, nos descendants porteront un regard identique sur nos prisons à celui que nous portons sur le bagne de Cayenne : l’horreur. Oui, les gens qui sont condamnés le méritent. Mais les statistiques montrent que plus la peine est difficile à vivre plus la récidive est inévitable. Nous avons aussi la délinquance que nous méritons. 1 personne en prison est un échec de l’ordre social. En aout 2016, la France compte 68.819 écroués détenus. Loin de moi l’idée de nier la souffrance des victimes, loin de moi l’idée de laisser la délinquance libre de continuer.




Fort Boyard fut une prison politique

Prison de la santé par Michael C Berch

Prison de la santé au XIXe siècle

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