dimanche 10 décembre 2017

POURQUOI AIMER JOHNNY ?



Je ne connais pas Jean-Philippe Smet. Si je l'avais rencontré, je serais surement tombé sous le charme de cet homme, tant sa capacité à séduire est puissante. En cela, il est comme tous les artistes. Je n'ai jamais rencontré Jean-Philippe Smet et j'en suis heureux car je n'aime pas Johnny Hallyday. Je veux dire par là que je suis insensible à son travail.

Je n'ai jamais pu comprendre son succès tant son monde artistique est éloigné de ma sensibilité. Il rejoint mon Panthéon maudit ou gisent Dalida, Chaude François, Wagner et tant d'autres. Cependant, je n'ai aucun mépris pour ces artistes et Johnny en particulier. Ce chanteur a donné du plaisir à beaucoup, provoqué des larmes et consolé avec son sourire. Un artiste capable de ce talent mérite le respect de tous, fans ou non. En cette période où l'on méprise l'art populaire au nom d'une intelligence stupide, offrir du bonheur à la masse, toutes classes sociales confondues, relève du sacerdoce. Et tant pis pour les défauts de prononciation.

Mais Johnny m’étonne. Il aurait pu, s’il l’avait souhaité, frauder le fisc : personne ne lui en aurait voulu. Il aurait pu s’exiler fiscalement en Suisse : son aura continuerait de briller de mille feux. Johnny aurait pu envoyer ces gorilles à un imitateur jugé, par lui, trop irrespectueux : pas un reproche formulé. Il aurait aussi pu prêter ses yeux bleus pour des lunettes : point de moquerie. S’il avait tué devant 1000 témoins : le parc des Princes n’eut pas été moins rempli. Johnny est intouchable car sa popularité lui permet cet avantage.
Pourtant, il a si peu abusé de cette liberté.





Cependant, il en a usé. Relisez « Que je t’aime » dans la situation de 1969.  Je vous livre deux extraits ; « Quand ta bouche se fait douce, Quand ton corps se fait dur » puis « Quand t’ne sens plus chatte, Et quand tu deviens chienne ». « Requiem pour un fou » peut être comprise comme un plaidoyer contre la peine de mort. Aucune chanson de Johnny n’a subi de censure. Car censurer Johnny est s’exposer à une trop grande colère. D’autre que lui ont été interdit d’antenne pour moins que ça. Souvenons-nous de Brassens, Férré, Gainsbourg… et la liste est trop longue ... Renaud, Julien clerc…

Bref, nous pouvons ne pas aimer Johnny, trouver insupportable cet hommage national, regretter la comparaison avec Victor Hugo, faire le parallèle entre D’Ormesson et Cocteau mais nous devons respecter l'artiste. Comme tous les vrais artistes, Johnny a rendu le monde meilleur pour beaucoup d'entre nous. Et sans le savoir, je suis sans doute de ceux-là. Nous devons de la bienveillance pour ses Fans. Les images que j’ai vues ont provoqué en moi une peine partagée avec tous ses visages embués de larmes. L’émotion du président Macron, en quelque sorte, nous est commune.


Johnny est enterré à Sant Barth. Le seul reproche en ce temps de deuil : « trop loin pour ma bourse » dit un fan avec sa petite retraite. Personnellement, j’y vois une marque de respect de la part de Jean-Philippe Smet pour les sépultures voisines à la sienne.
Et maintenant, laissons-le tranquille, il m'a bien mérité.

Je dédie cet article à Nadine (une fan dont je suis l'ami sincère).


origine : france chanson

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